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hivernement chez les sauvages

sur la grêve, tantôt à la lisière du bois, les épaules trop chargées, emprisonnés à chaque instant dans le fouillis des rameaux, il leur fallut ramer pendant plusieurs heures avant de s’arrêter, pour la nuit, à l’entrée du lac Saint-Louis où ils se barricadèrent avec soin, afin d’éviter une surprise des Iroquois qui rôdaient habituellement dans ces parages.

Le lendemain, dès l’aurore, la troupe repartit, et vers trois heures de l’après-midi, mit pied à terre pour passer un petit sault au-delà duquel elle campa dans une île. Le trente-un mai, elle passa encore un beau lac où se trouvait une île couverte de pins.

C’étaient de rudes hommes, que les compagnons de Champlain ! Personne ne se plaignait, malgré les dangers et les misères de l’expédition ; tous regardaient le chef toujours en avant et s’efforçaient d’élever leur courage jusqu’à son intrépidité.

Cependant ils n’avaient pas encore traversé les plus terribles épreuves de cette course aventureuse. Arrivés à un sault appelé par les sauvages Quenechouan[1], et rempli de rochers et de pierres, leur seul moyen fut de se mettre dans l’eau et de

  1. Quenechouan, nom d’un rapide à l’entrée de l’Outaouais se retrouve dans celui de Quinchien donné à un gros ruisseau et à une pointe de terre qui sont dans le voisinage.
    Ferland — Cours d’histoire du Canada page 163.
    Quenechouan s’appelle aujourd’hui le Long Sault.