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hivernement chez les sauvages

printemps de seize cent treize, il revint continuer l’œuvre qui lui était chère.

Philippe de Savigny l’accompagnait encore. Cette fois, la comtesse ne s’y était pas opposée, comprenant que son fils avait trouvé sa vocation.

Les voyageurs ne s’arrêtèrent à Tadoussac que le temps d’apprêter leurs barques pour se rendre à Québec[1]. De là, ils se dirigèrent immédiatement vers le Sault Saint-Louis, où Champlain espérait rencontrer les Algonquins. Mais les sauvages, désappointés de son absence l’année précédente, n’étaient pas revenus.

Sans hésiter, le hardi explorateur décida d’aller jusqu’en leur pays ; il partit de l’ile Sainte-Hélène le vingt-sept mai. Un sauvage et quatre Français l’accompagnaient ; Philippe et Paul étaient de ce nombre.

Le jour du départ, la température était affreuse ; les voyageurs ne purent aller plus loin que le Sault Saint-Louis. Le lendemain, le soleil resplendissait : le firmament, lavé par l’orage de la veille, était sans nuages. L’éblouissement d’azur vint à propos mettre un peu de sérénité dans l’âme des héros, car ils durent, ce jour-là, faire plusieurs lieues à terre en portant leurs canots, leurs armes et effets sur leurs épaules. Après une marche harassante tantôt

  1. Entre Tadoussac et Québec notre barque faisait grand eau, qui me contraignit de retarder à Québec pour l’estancher. — Champlain, Voyage de 1611, page 241.