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prologue

ces certificats d’identité, dit-il en lui remettant une large enveloppe.

Olivier déplia les documents et y jeta un regard.

Il pâlit, et rendit les pièces d’une main tremblante.

— « À présent que vous ne pouvez plus douter de ma personnalité, je vais vous raconter l’histoire de cette femme, » reprit le duc, en désignant la pauvre Jeanne.

Celle-ci avait subitement changé ; elle porta la main à son cœur avec un geste de souffrance, en murmurant : — « Oh ! c’est trop, c’est trop d’amertume. » Et chancelant, elle allait tomber.

Le comte, instinctivement, se porta à son secours. Il la prit dans ses bras et la déposa sur un fauteuil. Elle ouvrit les yeux : — « Adieu, soupira-t-elle ; je n’étais pas méchante, mais mon frère me faisait peur… Je vous aimais… »

Puis, regardant d’Alombrès, elle dit encore : — « Les parchemins sont là-haut. »

Sa tête appesantie se renversa sur le dossier du fauteuil. Le cœur de la pauvre femme s’était brisé.

Son valet, qui avait assisté à la scène, dissimulé derrière une porte, voyant sa maîtresse foudroyée par une syncope, s’élança au dehors, courut sans scrupule à l’écurie, sella le meilleur coursier et s’enfuit à toute bride vers la demeure du faux duc d’Alombrès.