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prologue

Le comte était atterré : — « Que faire ? murmurait-il, que faire ? »

Soudain, il se redressa avec détermination : — « Ah ! c’est trop abominable, je ne veux pas douter plus longtemps. » Il tira le cordon de la sonnette ; un garçon gratta aussitôt à la porte :

— « Dites à mon domestique d’accourir ici. »

Japhet parut cinq minutes plus tard, la mine un peu ahurie. Lorsqu’il reçut l’ordre de seller les chevaux, il ne put retenir une exclamation : — « Quoi ! nous repartons déjà, Monseigneur ? »

— « C’est indispensable, » répondit son maître, avec autant de bonté que de tristesse.

Le fidèle serviteur se hâta d’obéir, comprenant qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire.

Aussitôt que la porte fut refermée, Samuel de Savigny se retourna vers son hôte :

— « Après les révélations terrifiantes que vous m’avez faites, vous ne pouvez refuser de m’accompagner sur le champ : veuillez donc prendre vos dispositions à cet effet. »

— « Je ne suis pas moins impatient que vous, Monsieur le comte. Dans dix minutes je serai prêt. »

Quelques instants plus tard, quatre cavaliers sortaient de la cour de l’auberge, au grand ébahissement du patron, qui ne pouvait comprendre que l’on se mît en route, à la nuit, sous un ciel de plomb.