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prologue

aisance bourgeoise, avec le plus beau nom d’Espagne. Vers la fin de l’après midi, un coup de vent subit souleva des tourbillons de poussière, abattit des plantes, brisa des arbres ; la pluie tomba par torrents, et le tonnerre se mit de la partie. Ce fut une véritable tempête, et nous décidâmes de remettre notre retour au lendemain. Après une soirée de causerie à trois, durant laquelle il me semblait avoir retrouvé tous les charmes de la vie de famille, je fis préparer des chambres pour mes hôtes, et nous nous séparâmes… Ô ironie ! Je rêvais à elle lorsqu’au milieu de la nuit je m’éveillai au crépitement de l’incendie : ma maison flambait ! Je ne dus qu’au dévouement de mon serviteur de n’être point rôti vif. Ma première pensée fut de sauver mes amis ; je courus à leur appartement ; il était vide. Mais je crus que dans leur frayeur ils s’étaient enfuis… Hélas ! je ne fus pas long à constater que cette pensée était trop généreuse. Au milieu de mille périls, je m’aventurai jusqu’à un meuble où je conservais mes parchemins : il avait été fracturé. Je compris tout ! Ah ! Monsieur le comte, depuis six mois que j’étais amoureux de cette femme, j’avais aimé un fantôme que je parais de toutes les vertus. Mais, devant cette hardiesse d’infamie, mes illusions s’envolèrent, et mon cœur ne connut plus que la haine. Le désir de me venger a éteint en moi tous les