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prologue

femme ; mais vous que j’ai vu amoureux seulement des clairs de lune et des levers de soleil, j’ai bien compris que vous étiez ému devant cette étrangère. » Puis, changeant de ton : « Avez-vous remarqué comme son frère ne lui ressemble pas ? Ah ! tenez, celui-ci, avec sa tignasse roussâtre et ses yeux quelconques, me semble un démenti effronté et choquant à la beauté légendaire du type espagnol. C’est sans doute pour se faire pardonner sa laideur félonne, qu’il s’attache obstinément à la grâce de sa sœur. Je le crois, cependant, un galant homme. »

« Je le crois aussi, répondit l’ainé des Savigny ; la chevalerie qui le retient à l’écart, pour protéger une femme, en est la preuve à mes yeux. Le duc d’Alombrès n’est pas beau, j’en conviens, mais assurément, il possède un brave cœur. »

« D’ailleurs, reprit le cadet, mi-sérieux mi-narquois, le frère d’une aussi aimable personne ne peut être, à coup sûr, qu’un honnête homme. » Et, redevenant grave après un silence : « Samuel vous avez trop regardé les yeux charmeurs de la jolie Mercédès, cela vous empêche de penser qu’elle serait tout aussi en sûreté dans un couvent tandis que le belliqueux Alonzo ferait son devoir de soldat… s’il en a le goût. Sans vouloir calomnier un gentilhomme, je crois que celui-ci préfère au bivouac, un bon feu de cheminée. »

« Mon cher Olivier, vous risquez d’être injuste pour un étranger… »