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considérations générales

tions guerrières, Champlain courait le risque d’une flèche empoisonnée venant interrompre son utile carrière ; mais il comptait sans doute qu’en tombant au milieu d’eux, combattant pour leur cause, il attacherait à jamais, par le souvenir et la reconnaissance, ses rudes amis à la France. Et Champlain était un apôtre. Il ne rêvait point d’anéantir les sauvages ; mais voulait de ces races vigoureuses, aux forces neuves, à l’énergie indomptable, faire un peuple civilisé.

Les groupes épars qui maintenant forment une infime minorité, nous semblent indignes de fixer longtemps l’attention ; c’est plutôt une pensée de pitié que l’on arrête sur eux. Mais ces maîtres du pays, fiers et redoutés, à l’époque lointaine de Champlain, justifiaient l’espérance qui fleurissait dans son cœur.

Et si la France avait secondé efficacement ses efforts, qui oserait dire qu’il n’eût pas réussi ?

On peut supposer que Henri IV, qui faisait grand cas du pâturage et du labourage, n’aurait pas manqué de donner une poussée vigoureuse à la colonisation sur ce territoire que Champlain venait d’ajouter au patrimoine national. Mais les ministres qui succédèrent au profond Sully estimèrent-ils vraiment les richesses négligées de nos lointaines forêts ?…

Il est vrai que les propos intéressés de certains courtisans, aussi bien que la navigation d’alors et les guerres de religion qui désolaient la France, mettaient Tadoussac et Québec loin de Paris.