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à l'habitation

souvent la gibecière garnie de quelques pièces dont elle enrichissait le diner du lendemain.

Le reste du temps, enfermée dans sa chambre elle se livrait à des travaux de peinture ou de sculpture, pour lesquels elle avait un remarquable talent soigneusement cultivé par son père. Elle exécutait aussi de petits ouvrages de fantaisie dont l’originalité et le bon goût faisait toute la valeur. Quotidiennement elle réservait quelques heures à l’étude des livres.

La bibliothèque de Fleur des Ondes se composait d’un seul volume une traduction de l’Odyssée que son père avait sur lui, lors de son naufrage. Elle le portait habituellement dans un réticule suspendu à sa ceinture, et de l’avoir lu et relu elle le savait par cœur. Il y avait à l’Habitation quelques livres sérieux, la jeune fille les apprit tous. Philippe trouvait un plaisir délicat à compléter parfois un renseignement ou à donner une indication que réclamait sans fausse honte son aimable cousine.

Fleur des Ondes était considérée comme la maîtresse du logis, du Parc ayant abdiqué entre ses mains l’administration de l’intérieur. Cet hiver-là, il y avait à Québec, une quinzaine d’hommes tant artisans que matelots, plus les gentilhommes que nous connaissons. Chacun subissait la douce influence de la gracieuse hôtesse : tout était mieux ordonné, le bien être régnait sous le toit de cette famille héroïque.