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IX

À L’HABITATION


C’était l’hiver et sa monotonie blanche sur tout le pays de Canada. On ne voyait plus que dentelles, de givre, arabesques de frimas ; le toit de l’Habitation était lourdement encapuchonné de neige, les deux rives de la Grande-Rivière étaient reliées par un pont de glace.

Les Français restés à Québec se sentaient complètement séparés de l’univers civilisé. Ils avaient l’impression d’être plus loin de la Patrie, en regardant cette nappe blanche qui les entourait, les isolait. Leur unique divertissement était la chasse et les promenades en raquettes. Les jours qu’il fallait passer à la maison semblaient d’une longueur interminable.

Fleur des Ondes et Philippe étaient seuls à ne pas s’en plaindre ; elle parce qu’elle avait l’habitude de l’isolement, lui, parce qu’il vivait une extase d’amour qui gardait son cœur de tout regret.

Chaque matin, la jeune fille allait faire de longues courses, n’oubliant jamais d’emporter un arc et des flèches. Comme elle était d’une merveilleuse adresse à cette arme, elle revenait