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vers québec

forêt qui étalait la luxuriance de sa végétation en cascades ondoyantes jusque dans les flots ; ailleurs, un banc de sable aux tons de rouille ou une tranche de glaise aux craquelures violacées ; parfois un bouleau solitaire planté comme une sentinelle sur un rocher ; ici c’était une falaise blanchâtre nervurée de bleu, un banc de granit rouge tranchant sur la verdure comme le portail flamboyant de l’antre infernal. Les rameurs se relevaient de temps à autre et naviguaient avec une telle vigueur que la troupe arriva à Québec au crépuscule.

Du Parc qui commandait en l’absence de Champlain, vint au devant de ses amis sur la plage.

Remarquant avec étonnement la dame qui accompagnait Savigny, il s’inclina le feutre à la main.

Ce salut à l’européenne rendit à Fleur des Ondes toute son assurance ; car en approchant de Québec elle s’était demandé avec un peu d’angoisse si les Français de là auraient pour elle la déférence que lui témoignait son cousin. Elle se sentait devenir timide, presque craintive, depuis qu’elle avait abandonné sa solitude. Quoique son père, gardant toujours l’espoir de la ramener en France, se fût sans cesse appliqué à parfaire son éducation, elle craignait que ces hommes ne la traitassent en sauvagesse, malgré son origine française.