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vers québec

élevé dans un luxe dont elle n’avait même pas l’idée.

Après le départ des traiteurs, nos amis reprirent leur route. Le premier jour, ils s’arrêtèrent à l’entrée des Trois-Rivières. Le lendemain, quand ils repartirent, les étoiles n’étaient pas encore éteintes et le firmament avait cette couleur verdâtre et transparente des belles nuits ; mais l’aube écarta ses voiles, et l’aurore apparut, éblouissante : un nimbe d’or se dessina à l’horizon élargissant son cercle, à mesure que s’avançait le roi des astres qui bientôt apparut audessus des Laurentides.

C’était un spectacle d’une beauté saisissante : on eût dit que des mains invisibles et divinement habiles décoraient le ciel pour une fête. Des nuages aux nuances opalines se déployaient sur l’azur comme de souples écharpes, puis ramassaient leurs plis et se festonnaient au bord des flocons ouateux qui passaient majestueusement devant le soleil en projetant des taches d’ombre sur la verdure des montagnes. Les rives boisées du Saint-Laurent présentaient toute la gamme des verts, depuis les feuillettes argentées des trembles jusqu’aux rameaux presque noirs des pins. Le firmament avait l’air d’une vaste coupole appuyée à la pointe des arbres géants qui couronnaient les côtes de la Grande Rivière. Les voyageurs avaient l’illusion d’un vaste panorama se déroulant sur les deux rives : tantôt c’était la