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vers québec

joncs qui bordaient la rive, et improvisé des abris pour la nuit, ils firent un sommaire repas de pain de maïs, n’osant allumer du feu en cet endroit, par crainte de révéler leur retraite aux rôdeurs Iroquois.

Redoutant sans cesse une surprise, les Algonquins avaient cependant l’incroyable habitude de ne pas veiller[1] : leur unique précaution était d’envoyer quelques uns des leurs en reconnaissance. Ils se reposaient toute une nuit, même à la guerre, sur cette insuffisante mesure.

Là encore, il y eut une alerte. Quelques jeunes gens s’étant imaginés voir des ennemis, jetèrent l’épouvante parmi leurs camarades. Philippe et Le Carcois allèrent explorer les alentours, et purent se rendre compte que c’était une fausse alarme.

Dans cette assurance, tous s’abandonnèrent au repos, sauf les deux Français qui se postèrent en sentinelles pour toute la nuit.

Enfin, le dix-sept juin, ils arrivèrent sains et saufs au Sault Saint-Louis.

Les sauvages éprouvèrent une grande déception de n’y pas rencontrer Champlain, Philippe et

  1. Reconnaissant cela, je remonstrais la faute qu’ils faisaient & qu’ils devaient veiller, comme ils nous avaient veu faire toutes les nuicts, & avoir des hommes aux afuets, pour eſcouter & voir s’ils n’apercevraient rien ; & ne point vivre de la façon comme beftes Ils me dirent qu’ils ne pouvaient veiller, & qu’ils travaillaient assez le jour à la chasse. Voyages de Champlain 1609 page 157.