Je m’en allai sans être poursuivi ; mais j’emportais dans mon cœur le souvenir de mon sauveur ; et j’ai promis aux mânes de mes ancêtres de ne jamais tremper mes armes dans le sang de sa race.
Quand je t’ai vu, j’ai pensé que tu étais de sa famille : tu as comme lui, de l’or dans les cheveux et du ciel dans les yeux. C’est pour cela que je ne t’ai pas tué. »
En écoutant le récit du Sauvage, Fleur des Ondes avait frémi : lui posant ses deux mains sur les épaules, elle dit, en mettant son visage tout près du sien : « Tu ne sais pas quel était cet homme ; je vais te l’apprendre. »
La jeune fille reprit le récit, en spécifiant les circonstances, les particularités du lieu.
Le Soir la regardait ébahi, troublé : « Ce bienfaiteur que la mer t’apporta c’était mon père. »
Elle raconta son histoire, y compris la rencontre fortuite avec son cousin, au moment où il allait être massacré par les Iroquois.
Le Soir ne pouvait plus douter ; incapable de traduire par des paroles les sentiments qui bouleversaient son âme, il se laissa tomber à genoux, et posa son front sur les pieds de la jeune fille.
Le premier juin, enfin, les sauvages commencèrent à appareiller leurs canots. Plus de deux
- ↑ Les détails de ce voyage sont empruntés à Champlain, Voyage de 1613