Page:De Montreuil - Fleur des ondes, 1912.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
les funérailles

yeux honnêtes, qui maintenant, avait l’air de regarder, plus loin que l’heure présente, dans un avenir sans rêve. C’était l’espoir de sa jeunesse que cet homme portait en terre.

La fosse, creusée d’avance, fut doublée de peaux d’ours, sur lesquelles on déposa le corps. Elle fut ensuite comblée de tous les présents, recouverte de terre et enfin protégée par de grosses pièces de bois. Sur le tertre, au lieu du simple poteau peint en rouge dont on avait coutume d’orner la sépulture des sauvages de haute marque, les deux Français plantèrent une croix de bois blanc, et Philippe, du bout de son couteau, y grava cette épitaphe :

Ci-gît
LA SOURCE
Elle chanta dix huit ans
puis rêva et, mourut

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Fleur des Ondes alla détacher du tronc d’un chêne un lierre vivace, et le transplanta sur la tombe. Ensuite, les Indiens exécutèrent la danse des morts et tous reprirent le chemin de la bourgade.

La Source n’était plus que dans le souvenir de ses amis ; mais Fleur des Ondes avait profité des longs jours d’exposition pour dessiner son portrait : elle l’offrit au jeune chef.

Le Carcois l’accepta en tremblant d’émotion ;