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les funérailles

prenait point part aux tapageuses manifestation du deuil ; son âme était agitée par une lutte étrange : la superstition traditionnelle, qui voulait que toute mort fût vengée, lui donnait des pensées de sourde rancune à l’égard de Philippe, cause innocente de son désespoir. Il se reprochait d’avoir introduit dans sa cabane cet homme néfaste. D’un autre côté, l’admiration que lui inspirait l’irréprochable conduite du jeune visage pâle, et le respect qu’il avait pour Champlain, désarmait son injuste ressentiment.

Savigny, qui pourtant, ne pouvait rien se reprocher, était triste, mortellement triste et se sentait mal à l’aise plus encore devant les yeux résignés de l’amant que sous le regard inquiétant du père.

Le Carcois, considéré comme étant de la famille, reçut aussi de nombreuses offrandes. Il accepta tout avec indifférence, sans le moindre contentement, et lorsqu’arriva le suprême moment de rendre à la terre la dépouille de la femme aimée, cédant à son instinctive superstition, il fit déposer toutes ses richesses dans la fosse, au grand scandale de ses amis qui réprouvaient une telle prodigalité.

Pendant une semaine, on accourut, des bourgades voisines, apporter au chef et à toute sa parenté des témoignages d’amitié et de regret.

Les indigènes ayant pour habitude d’exhaler bruyamment leur chagrin, il y eut de longs jours