Soir, silencieux, contemplait le cher visage que la mort ombrait de mystère.
En quelques phrases brèves Le Carcois avait expliqué la fin tragique de la jeune fille. Maintenant, lui aussi se taisait, rêveur et farouche. Telle était, cependant la réputation de cet homme, que nul ne songea à mettre sa parole en doute : tous plaignaient l’amoureux de vingt ans qui, parti seul sur les pas de celle qui le dédaignait, ramenait son cadavre.
Tout à coup il se fit un grand bruit à l’entrée du bourg : des jeunes gens criaient : « Voilà nos amis les visages pâles, que nous croyions perdus » !
En effet Philippe et Paul arrivaient avec Fleur des Ondes.
Le Carcois alla au devant d’eux ; et, touchant Philippe à l’épaule, il lui fit signe de le suivre. Celui-ci remarqua l’immense tristesse du sauvage.
— « Qu’as-tu donc, mon ami ? » lui demanda-t-il avec intérêt.
L’Indien, l’amena auprès du cadavre :
— « Vois ! elle est morte ; dis que tu lui pardonnes ! »
— « Morte ? s’écria Philippe, La Source est morte ? »
— « Elle est morte ! répéta Le Carcois avec plus de tristesse. Jure que tu lui pardonnes ».
— « Lui pardonner ? reprit le Français sans comprendre, elle était le modèle des filles de la