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sur la politique de champlain

lointaines. Dès qu’il eût touché notre sol d’Amérique, il ne se donna aucun repos, parcourant les lacs et les rivières, s’enfonçant avec une téméraire hardiesse dans les forêts inextricables, affrontant sans cesse le terrible inconnu des régions barbares.

Un auteur du dix-huitième siècle a osé avancer que ces explorations périlleuses étaient peu en rapport avec la dignité de gouverneur. Heureusement pour son pays, Champlain comprit mieux sa mission.

Le commandant d’une colonie éclose d’hier, dans une contrée sauvage, ne pouvait pas jouer le rôle du personnage purement décoratif, dont la plus sérieuse occupation est de faire valoir, loin de tout danger, le prestige de son emploi. Sa pensée visait à de plus réelles grandeurs ; et c’est en elles qu’il trouva la force de la réaliser. Abandonné dans des solitudes lointaines, cet honnête homme eut à redouter toujours une défaillance ou une trahison de ceux qui avaient le devoir de l’aider.

La France venait de traverser une période de guerres désastreuses, mais l’édit de Nantes et le traité de Vervins, en quinze cent quatre-vingt-dix-huit, avaient rétabli la paix. La prospérité renaissait rapidement.

Champlain, gardien vigilant attaché au berceau de cette colonie, avait le droit d’attendre