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la résignation

« L’enfant ne s’arrache-t-il pas aux caresses de sa mère, pour courir après un papillon qui passe ?… Cette fois, l’enfant s’est tué en courant ! »

Le Carcois la tenait toujours embrassée ; il écoutait en étouffant ses sanglots.

La Source ne parlait plus. Le jeune homme abaissa doucement son bras qui soutenait la tête adorée, afin de faire tomber d’aplomb sur elle la lumière du bûcher : les grands yeux fixes semblaient le regarder encore, des mystérieuses profondeurs de l’au delà, et les lèvres, entrouvertes pour l’aveu suprême, ne s’étaient pas refermées.

Debout à quelques pas, la vieille femme contemplait le groupe douloureux.

L’Iroquois se tourna de son côté, et dit simplement : « Elle est morte ! »

Lentement, avec soin, comme si elle eût pu ressentir encore quelque souffrance, il l’étendit par terre. Se redressant il promena son regard attentivement par toute la cabane.

La bonne femme comprit sa muette requête et lui montra du geste une longue traîne appuyée au mur ; puis elle alla prendre, dans un autre coin, une large peau d’ours qui constituait tout le luxe et le confort de son gîte, et l’étendit à côté du cadavre.

Le Carcois examina le toboggan, rattacha une tringle qui n’était pas solide, et le porta dehors.