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la vengeance

couche légère ; elle entendit bientôt leur souffle régulier annoncer leur sommeil… Sa tête était en feu. La folie la gagnait : « Cette femme m’a volé le cœur de Philippe, et maintenant, heureuse, elle songe à lui peut-être, et lui sourit encore. Ah ! que disaient-ils en se donnant la main ? Ils paraissaient si émus ! C’est elle qu’il aime… Et je voulais le sauver ou mourir avec lui ! »

Brusquement, elle saisit un poignard à sa ceinture, et sans hésiter, se glissa jusqu’au hamac. D’un geste rapide, elle leva son arme. Mais Fleur des Ondes poussa un cri sonore et lui retint le poignet.

À son appel, les deux Français bondirent ; Philippe saisit l’Algonquine, au moment où elle allait porter un nouveau coup : le premier n’avait fait qu’effleurer la joue de Fleur des Ondes.

En se sentant arrêtée, l’Indienne frappa droit devant elle, au hasard.

Philippe ne put retenir un gémissement douloureux, et lâcha l’assaillante.

La Source entendit cette plainte, et folle de douleur, à l’idée de l’avoir tué, elle se planta son poignard dans la poitrine et tomba hors de la grotte, en pressant sa blessure avec ses mains rouges du sang de l’aimé.