Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/99

Cette page n’a pas encore été corrigée

balustrade qui surmontait le palais. La duchesse était ainsi assise sur la terrasse de la villa Sforzecci, située hors la ville, sur la rive droite du Ticcino, près de la forteresse Vigevano, au milieu des prairies toujours vertes de la province de Lomellina.

Et tandis que les bouviers fuyaient avec leurs bêtes la chaleur torride du soleil, la duchesse endurait patiemment son ardeur.

Une ample tunique de soie blanche, sans manches, le sciavonetto, la recouvrait. Elle avait sur sa tête un chapeau de paille dont les larges bords préservaient son visage du hâle et dont le fond découpé laissait échapper les cheveux qu’une esclave circassienne, à teint olivâtre, humectait à l’aide d’une éponge piquée au bout d’un fuseau, et démêlait avec un peigne en ivoire.

Le liquide préparé pour la dorure des cheveux se composait de jus de maïs, de racine de noyer, de safran, de bile de bœuf, de fiente d’hirondelles, d’ambre gris, de griffes d’ours brûlées et d’huile de tortue.

À côté, sous la surveillance directe de la duchesse, sur un trépied dont le soleil pâlissait la flamme, de l’eau rose de muscade, mélangée à la précieuse viverre, à la gomme d’adragante et à la livèche, bouillait dans une cornue.

Les deux servantes ruisselaient de sueur. La chienne favorite de la duchesse ne savait où se mettre pour éviter les rayons brûlants du soleil ; elle respirait difficilement, la langue pendante, et ne grognait même pas en réponse aux agaceries de la guenon, aussi heureuse