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La jeune fille s’assit sur le rebord du puits.

Son visage était étrange, indifférent, impassible comme celui des statues antiques : un front bas, des sourcils droits ; un tout petit menton et des yeux jaunes, transparents comme l’ambre. Mais ce qui frappa le plus Giovanni, ce furent ses cheveux ; duveteux, légers, ils ressemblaient aux serpents de Méduse, entourant la tête d’une auréole noire qui faisait paraître le teint plus pâle, les lèvres plus rouges, les yeux jaunes plus transparents.

— Alors, Astro, tu as aussi entendu parler du frère Angelo ? demanda la jeune fille.

— Oui, monna Cassandra. On dit qu’il est envoyé par le pape pour déraciner les hérésies et les magies noires… Quand on entend ce que disent les Pères inquisiteurs, on en ressent la chair de poule. Que Dieu nous épargne de tomber entre leurs pattes ! Soyez prudente. Prévenez votre tante…

— Mais elle n’est pas ma tante !

— N’importe ! Cette monna Sidonia chez laquelle vous vivez.

— Et tu crois, forgeron, que nous sommes des sorcières ?

— Je n’ai pas d’opinion ! Messer Leonardo m’a clairement prouvé qu’il n’existait pas de sorcellerie et qu’elle ne pouvait pas exister, d’après les lois de la nature. Messer Leonardo sait tout et ne croit à rien.

— À rien ? répéta monna Cassandra. Ni au diable ni à Dieu ?

— Ne riez pas ! C’est un homme juste.