Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée

paroles : Messer Leonardo n’achèvera jamais la Sainte Cène, il ne peindra jamais ni le Christ ni Judas, parce que, vois-tu, mon ami, on peut atteindre à beaucoup de choses à l’aide de la mathématique, de la science et de l’expérience, mais non pas à tout. Ici il faut autre chose. Ici se trouve une limite qu’il ne pourra jamais franchir, malgré toute sa science !

Ils sortirent du monastère et se dirigèrent vers le palais Castello di Porta Giovia.

— En tout cas, tu as tort pour une chose, Cesare, dit Beltraffio. Judas existera… il existe…

— Allons donc ? Où ?

— Je l’ai vu moi-même.

— Quand ?

— À l’instant. Le maître m’a montré le dessin…

— À toi ?… Ah !

Cesare regarda son compagnon et lentement, comme en un effort :

— Et… c’est bien ? dit-il.

Giovanni inclina approbativement la tête. Cesare ne répliqua rien, et durant tout le chemin il ne parla plus, plongé en une profonde méditation.


VIII

Ils arrivèrent aux portes du palais et traversant le Battifronte (le pont-levis) entrèrent dans la tourelle du sud, Torre di Filarete, entourée de tous côtés par les