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trouver Zoroastro, il arrangera tout cela en une demi-heure.

— J’ai ordre de ne pas revenir sans vous, messer…

Indifférent, Léonard voulut se remettre au travail, mais ayant jeté un regard sur la place blanche de la tête de Jésus, il grimaça, ennuyé, fit de la main un geste dépité, comme s’il avait compris que cette fois encore il n’aboutirait à rien, ferma sa caisse à couleurs et descendit de l’échafaudage.

— Allons, tant pis ! Viens me chercher dans la grande cour du palais, Giovanni. Cesare te conduira. Je vous attendrai près du Colosse.

Ce Colosse était le mausolée du défunt duc Francesco Sforza.

Et, au grand ébahissement de Giovanni, sans seulement se retourner vers son œuvre, comme s’il eût été heureux du prétexte pour abandonner son travail, le maître suivit le chauffeur pour réparer les tuyaux de la salle de bains ducale.

— Hein ! tu ne peux t’en arracher ? dit Cesare à Beltraffio. C’est possible que cela soit surprenant, tant qu’on n’a pas compris…

— Que veux-tu dire ?

— Non, rien… Je ne veux pas te désabuser. Tu trouveras toi-même. En attendant, pâme-toi…

— Je te prie, Cesare, dis-moi tout ce que tu penses.

— Fort bien ; à la condition que tu ne te fâcheras pas et que tu ne maudiras pas la vérité. Pourtant, je sais à l’avance tout ce que tu diras – je ne discuterai pas. Certes – c’est une grande œuvre. Aucun maître