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VII

C’était une grande salle longue, très simple, aux murs blanchis à la chaux, au plafond à poutrelles en chêne sombre. L’atmosphère était saturée de chaude humidité, d’encens et du fumet rance des plats maigres. Près de la cloison la plus proche de l’entrée se trouvait la table du Père supérieur, flanquée de chaque côté par les longues et étroites tables des moines.

Il y régnait un tel silence qu’on entendait le bourdonnement d’une mouche sur les vitres jaunes de poussière. De la cuisine s’échappait un bruit de voix, de poêles et de casseroles. Dans le fond du réfectoire, en face de la table du prieur, s’élevait un échafaudage recouvert de toile grise. Giovanni devina que cette toile cachait la Sainte Cène à laquelle le maître travaillait depuis plus de douze ans.

Léonard monta à l’échafaudage, ouvrit le coffre en bois dans lequel il enfermait ses dessins, ses pinceaux et ses couleurs, en retira un petit livre latin, criblé de notes dans les marges, le tendit à son élève en disant :

— Lis le treizième chapitre de Jean.

Puis il souleva le drap.

Quand Giovanni leva les yeux, tout d’abord il eut la sensation que ce n’était pas une peinture qu’il