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VI

Les derniers temps, Beltraffio avait été en proie à une grande tristesse, car il n’avait pu payer au maître la pension convenue de six florins par mois. Son oncle, brouillé avec lui, ne lui donnait pas un centime. Giovanni, pendant deux mois, avait emprunté l’argent à fra Benedetto. Le moine ne pouvait lui donner davantage. Giovanni avait hâte de s’excuser.

— Messer, commença-t-il timide et rougissant, nous sommes aujourd’hui le quatorze et je paie le dix, d’après nos conventions. Je suis très confus… mais je n’ai que trois florins. Peut-être voudrez-vous bien attendre… J’aurai de l’argent bientôt… Merula m’a promis des copies…

Léonard le regarda étonné :

— Qu’as-tu, Giovanni ? Que le Seigneur t’assiste ! Comment n’as-tu pas honte de parler de choses pareilles ?

D’après l’air confus de son élève, les inhabiles reprises de ses vieux souliers, l’usure de ses vêtements, il avait compris que Giovanni était misérable.

Léonard fronça les sourcils et parla d’autre chose. Mais peu après, avec une feinte indifférence, il fouilla dans sa poche, en retira une pièce d’or et dit :