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et je ris. « Pourquoi ne savais-je pas voler avant ? me dis-je. En avais-je perdu l’habitude ? C’est si facile ! Et il ne faut pour cela aucune machine ! »


IV

Des plaintes, des jurons retentirent, scandés par un galop rapide dans l’escalier. La porte s’ouvrit toute grande, livrant passage à un homme, la tignasse rousse, hirsute, le visage rouge également, couvert de taches de rousseur : un élève de Léonard, Marco d’Oggione. Il grondait, battait et tirait par l’oreille un gamin malingre d’une dizaine d’années.

— Que le Seigneur t’envoie une méchante Pâque, vaurien ! Je te ferai passer les talons par ton gueuloir, chenapan !

— Que veut dire cela, Marco ? demanda Léonard.

— Songez donc, messer ! Il a dérobé deux boucles en argent de dix florins chacune, au moins. Il a pu en engager déjà une et il a perdu l’argent aux osselets : l’autre, il l’a cousue dans la doublure de son vêtement où je l’ai découverte. J’ai voulu lui administrer une véritable correction, telle qu’il la méritait, et le démon m’a mordu la main au sang !

Et avec plus d’ardeur encore, il saisit le gamin par les cheveux. Léonard intervint, lui arracha l’enfant des mains.