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mains, puis s’enlevait d’un coup d’aile comme impatiente du printemps qui s’annonçait. D’un regard attentif, Léonard suivait tous les mouvements de l’oiseau et la pensée des ailes humaines de nouveau fermentait en son cerveau.

Les dernières années, il ne s’en était guère occupé, tout en y songeant toujours. Observant le vol de l’hirondelle et sentant définitivement un nouveau projet mûr dans son cerveau, il résolut d’entreprendre un dernier essai avec le dernier espoir que la création de ces ailes justifierait tout l’effort de sa vie.

Il entreprit ce nouveau travail avec la même obstination, avec la même hâte fiévreuse que celles qu’il avait mises à peindre Jean le Précurseur. Ne songeant pas à la mort, vainquant sa faiblesse et la maladie, oubliant le sommeil et la nourriture, il restait penché des journées entières au-dessus de ses dessins et de ses calculs. Par moments, il semblait à Francesco que ce travail était le délire d’un fou. Une semaine s’écoula ainsi, Melzi ne quittait pas le maître, passait des nuits à veiller près de lui. Cependant la fatigue l’emporta, et le troisième jour Francesco s’assoupit dans le fauteuil auprès du feu éteint.

L’aube blanchissait les vitres. L’hirondelle éveillée piaillait. Léonard, assis devant un petit bureau, la plume dans la main, la tête inclinée sur le papier, alignait des chiffres.

Subitement, il eut un balancement étrange et très doux ; la plume tomba de ses doigts ; la tête s’inclina sur la poitrine. Il fit un effort pour se lever, appeler