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Léonard, plus morne et plus sauvage que jamais, aimait à rester seul durant de longues heures et ne permettait pas qu’on entrât chez lui sans le demander, comme s’il craignait qu’on le surveillât.

Par la porte entrebâillée, Francesco vit qu’il se tenait devant le Saint Jean, essayant de peindre avec la main malade : son visage était convulsé par l’effort désespéré ; les coins des lèvres fortement serrées tombaient ; les sourcils étaient sévèrement froncés ; quelques mèches de cheveux blancs étaient collées au front par la sueur. Les doigts engourdis n’obéissaient pas : le pinceau tremblait dans la main du maître. Terrifié, Francesco regardait cette lutte dernière de l’âme vivante contre la matière morte.


VII

Cette année-là, l’hiver fut dur ; le passage des glaçons avait brisé les ponts de la Loire ; des gens mouraient gelés sur les routes ; les loups venaient rôder jusque sous les fenêtres du château du Cloux : on ne pouvait sortir le soir sans armes ; les oiseaux tombaient engourdis par le froid.

Un matin, Francesco trouva sur le perron, dans la neige, une hirondelle à demi gelée ; il l’apporta au maître, qui la ranima de son souffle et lui installa un