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tendit la main à l’artiste, qui la baisa silencieusement.

La musique retentit, le bal commença. Et personne ne songea plus à l’étrange vieillard qui avait passé, telle une ombre, et disparaissait de nouveau dans la nuit profonde.


VI

Dès le départ du roi, le calme se rétablit à Amboise. Léonard continuait travailler à son Saint Jean, toujours plus difficilement et plus lentement. Parfois il semblait à Francesco que le maître désirait l’impossible. Souvent, au crépuscule, relevant la draperie du portrait de la Joconde, il la contemplait longuement, la comparait avec le Précurseur. Et alors il semblait à son élève Melzi, peut-être à cause du jeu incertain du jour et de l’ombre, que l’expression des deux visages se transformait, qu’ils ressortaient de la toile comme des apparitions sous le regard fixe de l’artiste, s’animant d’une vie surnaturelle, et maître Jean ressemblait à monna Lisa et à Léonard comme un fils au père et à la mère.

La santé du maître faiblissait. En vain Melzi le suppliait d’interrompre son travail, de se reposer ; Léonard ne voulait rien entendre et s’obstinait davantage. Un jour cependant il quitta son travail de meilleure heure et pria Francesco de le conduire à sa chambre