Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/710

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il n’acheva pas et adressa à Marguerite un regard suppliant.

Le roi, haussant les épaules, fronça les sourcils.

— Sire, intervint la princesse, exaucez la prière de maître Léonard. Il le mérite… Soyez bon.

— Vous prenez son parti, madame Marguerite ? Mais c’est un complot !

La princesse posa une main sur l’épaule de son frère et lui murmura à l’oreille :

— Comment ne le voyez-vous pas ? Il l’aime encore maintenant.

— Mais elle est morte !

— Qu’importe ! N’aime-t-on pas les morts ? Vous avez dit vous-même qu’elle était vivante sur ce portrait. Soyez bon, frérot, laissez-lui ce souvenir, ne peinez pas ce vieillard !

Quelque chose d’à demi oublié s’éveilla dans le cerveau de François Ier. Il voulut être magnanime.

— Allons, soit ! maître Léonard, dit-il avec un sourire. Je vois que je ne te dominerai pas. Tu as su choisir ta défenderesse. Sois tranquille, j’accomplirai ton désir. Seulement, souviens-toi, le tableau m’appartient et tu peux en toucher l’argent immédiatement.

Quelque chose brilla dans les yeux de Léonard, de si enfantin et de si malheureux que le roi sourit avec plus de bienveillance encore et lui frappa amicalement l’épaule.

— Ne crains rien, mon ami : je te donne ma parole, personne ne te séparera d’avec ta Joconde.

Une larme perla sur les cils de Marguerite ; elle