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maintenant ? Vraiment, messer, aussi vrai qu’il y a un Dieu au ciel, je volerai.

— Non, Astro, tu ne voleras pas. La mathématique…

— J’en étais sûr ! À tous les diables votre mathématique ! Elle ne sert qu’à vous troubler. Que d’années nous nous surmenons ! L’âme en est malade. Chaque stupide moustique, mite, mouche, mouche à fumier – Dieu me pardonne ! – ignoble et sale peut voler, et les hommes rampent comme des vers ? N’est-ce pas un affront ? Et attendre quoi ? Les voilà, les ailes ! Tout est prêt, il me semble. Avec une bonne bénédiction, je prendrais mon élan et je m’envolerais !

Tout à coup, il se souvint de quelque chose et son visage rayonna.

— Maître ? que je te dise. Quel rêve superbe j’ai eu aujourd’hui !

— Tu volais encore ?

— Oui, et de quelle manière ! Écoute seulement. Je me tenais au milieu de la foule dans un lieu inconnu. Tout le monde me regarde, me montre du doigt, rit. « Ah ! me dis-je, si je ne vole pas !… » Je saute, j’agite mes bras tant que je peux et je commence à monter. Au début je peinais comme si j’avais une montagne sur les épaules. Puis, peu à peu, je me sentis plus léger. Je me suis élancé, je faillis m’assommer contre le plafond. Et tout le monde de crier : « Regardez, il vole ! » Comme un oiseau je passe la croisée et je monte toujours plus haut et plus haut vers le ciel. Le vent siffle à mes oreilles et je suis gai