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longs cheveux blancs, aux yeux presque sauvages, produisait une impression réfrigérante, même sur les plus insouciants.

— Ah ! maître Léonard ! l’accueillit le roi. Quel hôte rare ! Que puis-je t’offrir ? Tu ne manges pas de viande. Veux-tu des légumes ou des fruits ?

— Mille grâces, Majesté… excusez-moi… je voulais vous dire deux mots…

Le roi fixa sur lui un regard inquiet.

— Qu’as-tu, mon ami ? Serais-tu malade ?

Il l’emmena dans un coin écarté et lui demanda en désignant sa sœur :

— Elle ne nous gênera pas ?

— Oh ! non ! répliqua l’artiste en s’inclinant. J’ose même espérer que Son Altesse voudra bien me protéger.

— Parle. Tu sais que je serai toujours heureux de te faire plaisir.

— Sire, c’est toujours au sujet du tableau que vous avez désiré m’acheter.

— Comment ? Encore ? Pourquoi ne me l’as-tu pas dit de suite ? Je pensais que nous étions d’accord.

— Ce n’est pas pour l’argent. Majesté.

— Alors ?

Et Léonard sentit de nouveau qu’il lui serait impossible de parler de monna Lisa.

— Seigneur, prononça-t-il avec effort, soyez miséricordieux, ne m’enlevez pas ce portrait ! Il est vôtre et je ne veux pas de votre argent. Mais laissez-le-moi – jusqu’à ma mort…