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Entre les branches secouées par la bourrasque, se voyaient les croisées illuminées du palais.

Le roi soupait en petit comité, s’amusant d’un passe-temps qui lui plaisait particulièrement. On forçait des jeunes filles à boire dans une coupe en argent sur laquelle se trouvaient gravés des sujets obscènes. Les unes riaient, les autres rougissaient et pleuraient de honte, ou se fâchaient, ou fermaient les yeux, ou encore feignaient de voir et de ne pas comprendre.

Parmi les dames se trouvait la sœur du roi, la princesse Marguerite, « la perle des perles ». Elle avait une réputation de beauté et d’érudition. L’art de plaire était pour elle plus important que « le pain quotidien ». Mais charmant tout le monde, tout le monde lui était indifférent ; elle n’aimait que son frère, d’un amour excessif, considérait ses défauts comme des qualités, ses vices comme des bravoures et son visage de faune comme celui d’Apollon. Elle était prête non seulement à lui sacrifier sa vie, mais encore son âme. On murmurait qu’elle l’aimait d’un amour plus que fraternel. Dans tous les cas François abusait de cet amour, profitant de ses services autant dans les affaires difficiles que dans les maladies, les dangers et les aventures amoureuses.

Ce soir-là, le roi était fort gai. Lorsqu’on annonça Léonard, François ordonna de le recevoir et, avec Marguerite, s’avança au-devant de lui.

Quand l’artiste intimidé traversa, la tête baissée, les salles brillamment éclairées, des regards étonnés et ironiques l’accompagnèrent : ce grand vieillard à