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un prétexte de refus. Mais que pouvait-il dire à un homme qui transformait tout en plaisanterie ou en indécence ? Comment lui expliquer ce qu’était pour lui le portrait de la Joconde et pourquoi il ne consentirait à s’en séparer à aucun prix ?

Le roi pensait que Léonard se taisait par peur de céder la toile à trop bon compte.

— Allons, soit, je fixerai le prix moi-même.

Il contempla le portrait et dit :

— Trois mille écus. Trop peu ? Trois mille cinq cents.

— Sire, commença l’artiste d’une voix tremblante, je puis assurer à Votre Majesté…

Il s’arrêta et pâlit.

— Alors, quatre mille, maître Léonard. Je pense que c’est suffisant.

Un murmure d’étonnement s’éleva parmi les courtisans.

Léonard leva les yeux sur François Ier avec une expression d’une émotion infinie. Il était prêt à tomber à ses pieds, à le supplier, comme lorsqu’on demande grâce, afin qu’il ne lui enlevât pas la Joconde. François Ier prit cet émoi pour un élan de reconnaissance, se leva et, en adieu, embrassa le vieillard.

— C’est entendu ? Quatre mille. Tu peux toucher la somme quand tu voudras. Demain j’enverrai prendre la Joconde. Sois tranquille, je lui choisirai une place digne d’elle. Je sais sa valeur et je saurai la conserver à la postérité.

Lorsque le roi fut sorti, Léonard s’affala dans un