Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/701

Cette page n’a pas encore été corrigée

mais plus réel que tout ce qui puisse en approcher, plus vivant que la vie même, ressortaient de cette obscurité le visage et le corps d’un adolescent nu, féminin, étrangement et séduisamment beau, rappelant les paroles de Penthée :

« Tes longs cheveux encadrent ton visage plein de langueur : tu te caches du soleil comme une vierge et tu conserves dans l’ombre ta pâleur pour séduire Aphrodite. »


IV

Un jour d’ennui, François Ier se souvint de son désir de visiter l’atelier de Léonard et, en compagnie de quelques intimes, il se rendit au château de Cloux.

Sans se soucier ni de sa faiblesse ni de sa fatigue, l’artiste travaillait avec acharnement à son Saint Jean-Baptiste.

Les rayons du soleil entraient de biais par les croisées de l’atelier, grande pièce froide à parquet carrelé et à plafond à poutrelles. Profitant de la dernière lumière, Léonard se hâtait d’achever la main droite du Précurseur désignant la croix.

Sous les fenêtres retentirent des pas et des voix.

— Personne, cria le maître à Melzi, entends-tu, je ne reçois personne. Dis que je suis malade ou sorti.

L’élève alla dans le vestibule pour congédier les