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« Comme c’est facile, comme c’est simple ! », pensa Léonard en la suivant d’un regard envieux. Puis il contempla sa machine avec dépit et dégoût.

L’homme qui dormait s’éveilla.

C’était l’aide de Léonard, un habile mécanicien fondeur florentin, nommé Zoroastro ou plutôt Astro da Peretola. Il sauta et se frotta son œil unique, l’autre ayant été brûlé par une étincelle. Ce difforme géant, au visage enfantin toujours couvert de suie, ressemblait à un cyclope.

— J’ai dormi ! s’écria le fondeur désespéré en secouant sa tête chevelue. Que le diable m’emporte ! Ah ! maître, pourquoi ne m’avez-vous pas éveillé ? Je me hâtais, espérant avoir terminé ce soir, pour voler demain matin…

— Tu as bien fait de dormir, murmura Léonard. Ces ailes ne valent rien.

— Comment ? Encore ! À votre idée, messer ; moi, je ne retoucherai rien à cette machine. Que d’argent, que de peines ! Et de nouveau tout s’en va en fumée ! Que faut-il encore ? Mais ces ailes enlèveraient un homme, même un éléphant ! Vous verrez, maître. Permettez-moi de les essayer une fois… Au-dessus de l’eau… Si je tombe, j’en serai quitte pour un plongeon… je ne me noierai pas…

Il croisa ses mains, suppliant.

Léonard secoua négativement la tête.

— Attends, mon ami. Tout viendra à point. Plus tard.

— Plus tard ! gémit le fondeur. Pourquoi pas