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il s’était égaré dans le bois et, le lendemain matin, rejoint par les traqueurs, il avait été découvert par les chiens de chasse dans un buisson.

Le duc de Milan avait passé ses dernières années en des réflexions morales, alternées de prières et de lectures, particulièrement de la Divine Comédie du Dante. À cinquante ans, il paraissait déjà un vieillard. Seulement, lorsque parvenaient jusqu’à lui les nouvelles des changements politiques, dans ses yeux s’allumait l’ancienne flamme.

Le 17 mai 1508, après une courte maladie, il s’était doucement éteint.

Quelques mois avant sa mort, Ludovic s’était découvert une distraction : il avait sollicité des couleurs et des pinceaux et entrepris de peindre les murs et les plafonds de sa prison.

Sur les murs écaillés par l’humidité, Léonard retrouva quelques traces de ces peintures : des ornements compliqués, des étoiles, des rosaces, et une tête de guerrier romain avec cette inscription en langue française estropiée : Je porte en prison pour ma devise que je m’arme de pacience par force de peines que l’on me fait porter.

Une autre inscription en lettres de trois coudées s’étalait sur le plafond, plus incorrecte encore : Celui quinet pas contan.

En lisant ces pitoyables inscriptions, en examinant ces dessins maladroits, l’artiste se souvenait de Ludovic le More admirant avec un bon sourire les cygnes qui voguaient dans les fossés du palais de Milan.