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— Où allez-vous, maître ? criait-il. Ne voyez-vous pas ? Il n’existe plus de sentier. On ne peut monter plus haut. Il y a un précipice. Prenez garde !

Mais Léonard, sans l’écouter, montait toujours, se riant des vertigineux abîmes.

Et, devant ses yeux, les masses glacées s’élevaient, tel un mur géant dressé par Dieu entre les deux mondes. Elles l’appelaient à elles, l’attiraient, comme si derrière elles se cachait le dernier mystère, l’unique, que désirait ardemment sa curiosité. Chères et désirées, quoique séparées de lui par des abîmes infranchissables, elles lui semblaient proches au point de les atteindre avec la main et le considéraient comme les morts doivent considérer les vivants – avec un éternel sourire semblable à celui de la Joconde.

Le visage pâle de Léonard s’illuminait de la pâleur des glaciers. Il leur souriait. Et, en regardant ces énormes blocs de glace debout dans le ciel froid, il songeait à la Joconde et à la mort, comme un tout indivisible.