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Astro s’approcha de la lucarne et regarda.

La maison se trouvait sur une hauteur et dominait les toits, les tours et les clochers de Rome, la campagne pareille à une mer d’un vert trouble sous les rayons du soleil couchant, avec de-ci de-là la ligne brisée des aqueducs romains, les monts Albano, Frascati, Rocca di Papa, et le ciel où se poursuivaient les hirondelles.

Astro regardait en clignant des yeux et un sourire béat sur les lèvres, il se balançait, agitait les bras comme des ailes et chantait sa chanson triste.

Léonard voulut fuir, appeler au secours, mais il ne put, pétrifié par l’horreur entre ses deux élèves – le mort et le dément.

Quelques jours plus tard, en examinant les papiers de Beltraffio, Léonard trouva son journal et le lut attentivement :

« La Diablesse blanche – toujours et partout. Qu’elle soit maudite ! Le dernier mystère – le Christ et l’Antéchrist ne font qu’un. Le ciel en haut, le ciel en bas. Non, cela ne peut être ; mieux vaut la mort. Je remets mon âme entre tes mains, Seigneur, afin que tu me juges. »

Le journal de Giovanni se terminait sur ces mots, et Léonard comprit qu’ils avaient dû être écrits le jour même du suicide de Giovanni.