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— Mais ne le savez-vous donc pas ? Il est là-haut. Il s’est envolé… éloigné…

Astro cherchait le mot, mais le son n’existait plus dans sa mémoire. Cela lui arrivait souvent. Il mélangeait des sons différents, même des mots entiers, employant l’un pour l’autre.

— Vous ne savez pas ? répéta-t-il tranquillement. Eh bien ! Allons. Je vous le montrerai. Seulement ne vous effrayez pas. Il est mieux ainsi.

Il se leva et, se balançant disgracieusement sur ses béquilles, il précéda Léonard.

Ils montèrent au grenier.

La chaleur y était étouffante par suite de l’échauffement des tuiles par le soleil. À travers la lucarne filtrait un rayon de soleil rouge et poussiéreux. Lorsqu’ils entrèrent, une bande de pigeons effarés s’envola à grand bruit d’ailes.

— Voilà, dit toujours tranquillement Astro en désignant le fond sombre du grenier.

Et Léonard aperçut, sous l’une des solives, Giovanni debout, raidi en une pose de statue, étrangement grandi et fixant sur lui des yeux démesurément ouverts.

— Giovanni ! cria le maître.

Puis il pâlit et sa voix se brisa.

Il se précipita vers lui, et voyant son visage convulsé lui prit la main. Elle était glacée. Le corps se balança, il était pendu à une forte corde de soie – telle qu’en employait le maître pour sa machine volante – attachée à un crochet de fer nouvellement vissé dans la poutre.