Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/683

Cette page n’a pas encore été corrigée

Léonard ne suivit pas ce bon conseil et de nouveau, sans avoir été reçu, se retira.

Depuis quelque temps, l’artiste était assailli par d’étranges pressentiments, qui lui semblaient inexplicables. Les préoccupations matérielles, son insuccès à la cour de Léon X et de Julien de Médicis ne le tourmentaient pas, il y était dès longtemps habitué. Et cependant une inquiétude angoissante s’emparait de lui. Particulièrement en cette soirée ensoleillée d’automne, en revenant du Vatican, son cœur se serrait comme à l’approche d’une grande douleur.

En rentrant chez lui, il trouva Astro occupé à raboter des planchettes, et, selon son habitude, il se balançait en psalmodiant sa chanson triste.

Le cœur de Léonard se crispa davantage.

— Qu’as-tu, Astro ? demanda-t-il tendrement en posant sa main sur la tête de l’infirme.

— Rien, répondit le mécanicien en fixant sur le maître un regard scrutateur, presque raisonnable et même malin. Moi, je n’ai rien. Mais voilà, Giovanni… Après tout, il est mieux ainsi. Il s’est envolé…

— Que dis-tu, Astro ? Où est Giovanni ? murmura Léonard.

Sans prêter attention au maître, l’infirme se remit à l’ouvrage.

— Astro, insista Léonard en lui prenant la main. Je te prie, mon ami, souviens-toi : que voulais-tu dire ? Où est Giovanni ? J’ai besoin de le voir de suite. Où est-il ?