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III

Depuis que l’artiste avait quitté Florence, en 1507, il avait été nommé peintre de la cour du roi de France, Louis XII. Mais ne recevant pas d’appointements, il était forcé de compter sur les faveurs du hasard. Souvent on l’oubliait, et il ne savait pas attirer l’attention sur lui, car il travaillait toujours plus lentement à mesure qu’il avançait en âge. Comme auparavant, toujours nécessiteux et toujours embrouillé dans les questions d’argent, il empruntait à tout le monde, même à ses élèves, et sans payer ses anciennes dettes, s’en créait des nouvelles. Il écrivait au seigneur d’Amboise et au trésorier Florimond Robertet des lettres aussi humbles que jadis à Ludovic le More. Dans les antichambres, parmi une foule de solliciteurs, il attendait patiemment son tour, quoique avec la vieillesse les escaliers d’autrui lui parussent de plus en plus raides, le pain d’autrui plus amer. Il se sentait aussi inutile au service des rois qu’à celui du peuple – partout et toujours étranger. Tandis que Raphaël, profitant de la générosité du pape, de malheureux était devenu riche patricien romain, que Michel-Ange amassait une fortune, Léonard restait l’errant sans abri, ne sachant où poser sa tête pour mourir.