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Sanzio qui travaillait aux fresques du Vatican, auprès du pape Jules II. Parfois il semblait au Vinci que Cesare préparait une trahison.

Mais plus dangereuse que les trahisons était la fidélité zélée de ses amis.

Sous le nom d’Accademia di Leonardo, se fonda à Milan une école de jeunes peintres lombards, en partie élèves du Vinci, s’imaginant qu’ils suivaient les traces du grand maître. De temps à autre il observait l’éclosion de ces multiples disciples, et parfois un sentiment de dégoût s’élevait en lui en voyant tout ce qui était sacré pour lui devenir la proie de la foule : le visage du Christ de la Sainte Cène trahi, le sourire de la Gioconda impudiquement dévoilé.

Une nuit d’hiver, assis dans sa chambre, il écoutait les sifflements et les râles du vent, tout comme le jour où il avait appris la fin de Gioconda. Il pensait à la mort.

Tout à coup on frappa à la porte. Il se leva et ouvrit. Devant lui apparut un jeune homme de dix-huit ans, aux yeux bons et gais, les joues rosies par le froid, des étoiles de neige fondant dans ses cheveux roux.

— Messer Leonardo ! s’écria l’adolescent. Me reconnaissez-vous ?

Léonard le contempla et subitement se souvint de son petit ami de Vaprio : Francesco Melzi.

Il l’embrassa paternellement.

Francesco lui conta qu’il venait de Bologne où son père s’était réfugié lors de l’invasion française de 1500.