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Ils devenaient chaque jour plus intimes.

Une fois, il lui demanda pourquoi elle ne dévoilait pas aux gens ce qui lui semblait la vérité.

— Tout n’est pas pour tous, répondit Cassandra. La confession des martyrs, comme le miracle, sont nécessaires aux foules, car seuls ceux qui ne croient pas meurent pour la Foi, pour la prouver aux autres et à eux-mêmes. Crois-tu que la mort de Pythagore aurait affirmé les vérités géométriques découvertes par lui ? La Foi complète est muette et son mystère est au-dessus de la confession, comme l’a dit le Maître : « Connaissez tout le monde, mais vous, que personne ne vous connaisse. »

— Quel maître ? demanda Giovanni.

Et il songea :

« Léonard pourrait le dire ; lui aussi connaît tout le monde et personne ne le connaît. »

— Le gnostique égyptien Basileus, répliqua Cassandra, en expliquant que le nom de gnostique, « initié », était donné aux grands maîtres des premiers siècles du christianisme pour lesquels la foi complète et la science complète ne formaient qu’un tout homogène.

La tristesse de Giovanni augmentait à ces récits et, en même temps, se calmait à l’idée que dix siècles avant lui des gens avaient souffert comme lui, s’étaient débattus contre la dualité, sombraient dans les mêmes contradictions et les mêmes tentations. Il y avait des moment où il s’éveillait de ces pensées, comme d’un long enivrement ou d’un délire. Et