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Pleuton. Là, elle réunit les fragments de ses œuvres inédites, ses lettres, les traditions redites par ses disciples fidèles. Elle raconta à Giovanni son séjour à Mistra, et elle lui répéta à nouveau la prophétie de Pleuton :

« Peu d’années après ma mort, au-dessus de toutes les nations et de toutes les tribus, resplendira une religion unique, et tous les hommes s’uniront en une même foi. » Et quand on lui demandait : « Laquelle ? » il répondait : « La foi de l’antique paganisme. »

— Plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis la mort de Pleuton, répliqua Giovanni. Et la prophétie ne s’est pas accomplie. Y croyez-vous véritablement encore, monna Cassandra ?

— Pleuton ne possédait pas la connaissance exacte, dit-elle avec calme. Il se trompait souvent, parce qu’il ignorait beaucoup de choses.

— Quelles choses ? interrogea Giovanni.

Et, subitement, sous le regard profond, scrutateur de Cassandra, il sentit son cœur défaillir.

En guise de réponse, elle prit sur une planche un vieux parchemin, la tragédie d’Eschyle, Prométhée enchaîné, et lut quelques strophes. Giovanni comprenait quelque peu le grec, et ce qu’il ne comprenait pas, elle le lui expliquait.

— Giovanni, ajouta-t-elle après un silence, as-tu entendu parler de l’homme qui, il y a dix siècles, ainsi que le philosophe Pleuton, rêvait de ressusciter les dieux morts, l’empereur Flavius Claudius Julien ?

— Julien l’Apostat ?