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respectueuses filles de l’Église. Elle observait sévèrement les offices et les jeûnes, et, par de généreux dons, avait acquis non seulement la protection des sœurs du Monasterio Maggiore, mais encore celle de l’archevêque.

Messer Galeotto vénérait toujours Léonard comme un maître et comme le dépositaire de la divine sagesse d’Hermès trismégiste.

L’alchimiste avait rapporté de ses voyages un grand nombre de livres rares datant du règne des Ptolémées et traitant de mathématiques. L’artiste lui empruntait ces livres qu’il envoyait prendre par Giovanni. Reprenant ses anciennes habitudes, Beltraffio, de plus en plus souvent, fréquenta chez les voisins de l’église Saint-Maurice, sous un prétexte ou sous un autre, en réalité uniquement pour voir Cassandra.

La jeune fille, aux premières entrevues, avait observé une certaine retenue, jouant à la païenne repentie, parlant de son désir de prendre le voile ; puis, peu à peu, convaincue qu’elle n’avait rien à craindre, elle redevint confiante. Maintenant elle vivait en ermite ; était ou semblait malade presque de façon continue ; passait son temps, en dehors des offices, dans une chambre retirée où elle ne laissait pénétrer personne : une grande salle sombre, à fenêtres ogivales, donnant sur le jardin abandonné et défendue des regards indiscrets par une muraille de cyprès. L’installation de ce refuge tenait du musée et de la bibliothèque. On y voyait des antiqués orientales, des tronçons de statues grecques, des divinités égyptiennes taillées dans