fresques de la nouvelle église de Saint-Maurice, appartenant au couvent de femmes, le Monasterio Maggiore, construit sur les ruines d’un ancien cirque romain et d’un temple de Jupiter. À côté, cachés par un mur très haut, se trouvaient le parc abandonné et le palais, jadis superbe, des seigneurs de Carmagnola.
Les nonnes louaient cette terre et cette maison à l’alchimiste Galeotto Sacrobosco et à sa nièce Cassandra, revenus depuis peu à Milan.
Peu après la première invasion française, et le pillage de la masure de monna Sidonia, ils avaient quitté la Lombardie et, durant neuf ans, avaient erré en Grèce, dans les îles de l’archipel, l’Asie Mineure, la Palestine et la Syrie. Des opinions étranges circulaient à leur sujet : les uns assuraient que l’alchimiste avait trouvé la pierre philosophale qui permettait de transformer l’étain en or ; d’autres, qu’il avait soutiré de très fortes sommes au devâtdâr de Syrie et, se les étant appropriées, s’était enfui ; d’autres encore, que monna Cassandra avait vendu son âme au diable pour découvrir un trésor caché dans le temple d’Astarté, en Phénicie ; d’autres enfin, qu’elle avait dévalisé à Constantinople un vieux marchand de Smyrne, prodigieusement riche, qu’elle avait charmé et enivré à l’aide de plantes maléfiques. Toujours était-il que, partis pauvres de Milan, ils y étaient revenus colossalement riches.
L’ancienne sorcière Cassandra, l’élève de Demetrius Chalcondylas, l’émule de monna Sidonia, s’était transformée, ou plutôt, feignait d’être une des plus