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Cène, et que de nouveau, comme l’avait dit Buonarotti, « il serait forcé de tout abandonner à sa courte honte ».

Son tableau de la salle du Conseil lui causa un dégoût plus grand que l’affaire du canal de Pise et son procès contre ses frères.

Soderini le tourmentait par ses comptes minutieux en le menaçant du dédit convenu, et, voyant l’inutilité de ses menaces, accusa ouvertement Léonard de détournement d’argent du Trésor.

Mais lorsque, ayant emprunté à tous ses amis, l’artiste voulut lui rendre toutes les sommes touchées, messer Piero refusa de les recevoir, et cependant circulait à Florence, dans toutes les mains, colportée par les amis de Buonarotti, la lettre du gonfalonier au chancelier de la République florentine à Milan, qui sollicitait les services de Léonard pour le compte du lieutenant du roi de France en Lombardie, le seigneur Charles d’Amboise.

« Les actes de Léonard ne sont pas honnêtes, disait la lettre. Ayant exigé à l’avance une forte somme, et ayant à peine commencé le travail, il a tout abandonné, agissant dans cette affaire comme un traître vis-à-vis de la République. »

Une nuit d’hiver, Léonard était assis seul dans sa chambre de travail. Après la journée écoulée en préoccupations de toutes sortes, il se sentait fatigué et brisé comme après une nuit de fièvre et de délire. Il tenta de s’occuper ; commença des calculs ; puis une caricature ; essaya de lire ; mais rien ne l’intéressait,