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V

Ayant appris par hasard que messer Giocondo devait rentrer de Calabre dans les premiers jours d’octobre, Léonard décida de n’arriver à Florence que dix jours après, afin d’y rencontrer sûrement monna Lisa.

Il comptait les jours, maintenant. À l’idée que la séparation pouvait se prolonger, une telle crainte superstitieuse et un tel ennui lui serraient le cœur qu’il tâchait de n’y pas penser, de n’en parler avec personne, de ne rien demander, pour ne pas apprendre une nouvelle fâcheuse.

Il était arrivé le matin de bonne heure à Florence. La ville en sa vision d’automne, terne et humide, lui semblait ravissante, elle lui rappelait Gioconda. La lumière était « sa » lumière faite d’ombres claires et tendres.

Il ne se demandait pas comment ils se rencontreraient, ce qu’il lui dirait, ce qu’il ferait, pour ne jamais plus se séparer d’elle, pour que la femme de messer Giocondo restât sa seule, son unique amie. Il savait que tout s’arrangerait, que le difficile deviendrait facile et possible l’impossible : il suffirait pour cela de se voir.

« Le principal est de ne pas penser, alors tout vient bien, pensait-il en se remémorant le mot de