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Il leva les yeux vers elle et de nouveau crut lire sur son visage un reproche suppliant, sans espoir. Il savait que cet instant était pour tous deux irrévocable et solennel comme la mort. Il savait qu’il ne pouvait se taire. Mais plus il forçait sa volonté pour trouver une solution et le mot juste, plus il sentait son impuissance et l’abîme qui se creusait entre eux. Et monna Lisa lui souriait de son sourire calme et radieux. Mais maintenant il lui semblait que ce calme et cette clarté étaient semblables au sourire des morts.

Une pitié intolérable lui serra le cœur, le rendit plus faible encore.

Monna Lisa lui tendit la main et, silencieux, il la baisa pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient et, en même temps, il sentit que, se baissant rapidement, Gioconda avait baisé ses cheveux.

— Que Dieu vous garde, dit-elle simplement.

Lorsqu’il revint à soi, elle n’était plus là. Autour de lui régnait le silence mort d’un après-midi d’été, beaucoup plus menaçant que le silence d’une nuit profonde.

Et, comme la nuit précédente, plus solennels, plus effrayants, retentirent les sons métalliques de l’horloge voisine. Ils disaient, ces sons, le silencieux et menaçant vol du temps, la sombre vieillesse solitaire, l’irrémédiable fuite du passé.

Et longtemps le dernier son trembla, répétant comme une voix humaine :


Di doman non c’è certezza.
Et ne compte pas sur demain.